Résumé :
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Le patrimoine est de pierre, mais aussi de papier. Il comprend tous ces documents, manuscrits et estampes, mais encore ces sites et images, ces gestes et ces paroles. Nous savons tous, pour l'avoir expérimenté, que la modestie de certains objets, leur caractère quotidien et prosaïque, ne préjuge en rien de leur puissance d'évocation, d'émotion, de restitution. Jusque dans ses plus infimes parcelles, le patrimoine est le visage vivant, multiple et complexe d'une collectivité humaine. Il est la chair et le sang d'une nation. Il est en devenir permanent. D'où cette double question lancinante : comment en saisir les diverses facettes sans le figer dans un conservatisme étroit ? Comment l'émanciper du mythe d'une authenticité réifiée et l'ouvrir sans le perdre aux mutations en cours ? Loin de lui échapper, le Maroc est directement concerné. A l'instar du premier volume de cette série Le Patrimoine culturel africain, cet ouvrage a été élaboré principalement par d'anciens auditeurs de l'Université de Senghor en charge de responsabilités importantes dans leur pays d'origine. Combinant les points de vue et les approches disciplinaires, il propose au lecteur un regard original sur des aspects parfois méconnus du patrimoine marocain. Ces contributions forment, chacune à sa manière, autant d'apports au débat marocain autour du patrimoine national. Saisies dans leur ensemble, elles balisent le champ du possible, les options en présence, la diversité des approches, la variété des objets. Elles le font, avec passion et modestie, méthode et rigueur. Du patrimoine architectural au patrimoine archéologique, elles alternent le traitement de l'espace ou de sites avec l'exposé des manières de faire et d'être. A aucun moment, la dimension anthropologique, celle précisément qui confère sens et puissance, n'est dissociée de son support spatial, archéologique ou architectural. Les savoir-faire (parfaitement illustrés par les cultures constructives dans le Maroc pré-saharien), les modes d'occupation ou de gestion de l'espace (la médina de Marrakech), les techniques traditionnelles (a l'image de la porte d'entrée de la maison maroco-andalouse), les coutumes régionales (à l'exemple du mariage en milieu berbère) sont tour à tour abordés en eux-mêmes (voir le texte sur l'imchiguiguiln, ce grenier collectif de l'Anti-Atlas) mais se pensent aussi les uns par rapport aux autres (comme en témoigne la poésie orale du Moyern Atlas). Ils forment les éléments indissociables d'un ensemble unique et original.
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